jeudi 8 mars 2012

Les gens indispensables

Il y a des gens dont il est absolument impossible de se passer. Sans eux, le monde s'arrêterait de tourner. Ils sont au four et au moulin.
Prenons, par exemple, notre premier ministre. Allez savoir pourquoi, on imagine Elio Di Rupo assez occupé. Mais il briguera à nouveau, en octobre, le poste de bourgmestre de la Ville de Mons. Il ne pourra véritablement, et surtout officiellement, exercer la fonction, en plus de celle de premier ministre. Mais qu'on se rassure, nous dit sa porte-parole, il se consacrera à 100% à sa ville. On suppose qu'il en donnera au moins tout autant au Gouvernement fédéral. C'est Monsieur 200%. Il fait mieux que le footballeur entendu vendredi dernier (sur la Première) qui affirmait: "je suis 100%".
D'autres que lui seront dans le même cas. Un exemple (au hasard): Rudy Demotte. Le double ministre-président du Gouvernement wallon et de celui de la Communauté française (1), on le sait, joue les parachutistes et brigue le maïorat tournaisien. Il veut redonner tout son lustre à cette ville qu'il aime tant. Pour pouvoir être candidat, il a fait changer les règles internes au Ps de Wallonie picarde (un modèle du genre, nous dit-on) qui interdisait le cumul de mandats. Mais dans le même temps, le Parlement wallon agit en sens contraire et interdit ces mêmes cumuls. Pas totalement cependant. Il y aura des privilégiés: les gros scoreurs (politique et football ont décidément bien des traits communs) pourront s'abonner à Cumul +. Un quart des députés wallons pourront en même temps être bourgmestre, échevin ou président de CPAS. Les heureux élus seront ceux qui auront obtenu le meilleur taux de pénétration, entendez par là le plus grand nombre de voix obtenues par rapport au nombre d'électeurs (2). Bref, les champions seront avantagés.
Une fois élus, ces gens indispensables ne pourront cependant pas être à la fois membre d'un exécutif communal et d'un gouvernement. Qu'à cela ne tienne, ils désigneront un bourgmestre faisant fonction qui fera ce qu'on lui dit de faire et tiendra la place au chaud pour son bourgmestre hélas empêché.
Des communes comme Mons et Tournai l'auraient-elles pas besoin d'un vrai bourgmestre à temps plein, légitimement élu à ce poste?
S'ils veulent voir Rudy Demotte occuper réellement le siège de bourgmestre, les Tournaisiens, non militants socialistes, savent ce qui leur reste à faire: ne pas voter pour Demotte. Vu sa popularité, il sera bien sûr élu au Conseil communal, et largement, par les militants socialistes. Mais si son taux de pénétration est plus faible, il devra choisir entre deux sièges. Et on peut parier qu'il choisira d'être bourgmestre. Sa nouvelle ville lui tient tellement à cœur.

(1) Il ne sera pas ici question de Fédération Wallonie-Bruxelles, xième nom, déjà contesté au sein même de son propre Gouvernement, de la Communauté française, cette appellation-ci étant celle qu'indique la Constitution belge (art.2).
(2) lire "La Wallonie choie les gros cumulards", in Le Vif, 3 février 2012

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