jeudi 15 mars 2012

Les vrais problèmes des vraies gens

On ne s'en était pas rendu compte, mais la question écologique a visiblement été réglée. Ce n'était qu'une question de volonté. Certains ont tenté de nous affoler avec un problème qui a rapidement trouvé sa solution. C'est ce qu'on se dit en suivant la campagne présidentielle française. Qui parle de l'écologie? Qui s'y intéresse? La candidate des Verts n'a pas droit à la parole, ou si peu. Quand on s'adresse à elle, c'est pour lui demander de réagir aux phrases chocs des autres candidats ou à leurs attaques (1) : elle n'est pas française, elle a un accent, elle n'est pas jolie, elle porte des lunettes rouges. Presque jamais pour lui demander d'exposer son programme. Et d'ailleurs ce programme est-il clinquant? Fait-il rêver? La presse doit craindre que ce ne soit pas le cas, préfère les forts en gueule et les prestidigitateurs et ne pose pas de question aux candidats sur ce sujet qui ennuie.
Nicolas Sarkozy a laissé loin derrière lui son Grenelle de l'Environnement (c'était en octobre 2007, il y a une éternité) où il invitait les Français à "une révolution dans nos façons de penser, dans nos façons de décider". Depuis, il trouve que "toutes ces questions d'environnement, ça commence à bien faire". Business is business quand même. Si les candidats ne parlent pas d'écologie, les journalistes ne pensent pas à leur poser de questions sur ce sujet brutalement devenu ringard. "Et quand, ô miracle, Jean-Luc Mélenchon aborde de lui-même la question verte - à trois reprises, écrit Weronika Zarachowicz (2), aucun journaliste ne le relance. (...) A croire que pour l'establishment médiatique, poursuit-elle, la lutte contre le changement climatique, l'étalement urbain, la transition énergétique, les transports collectifs, les déchets nucléaires, la destruction du tissu paysan... ne sont pas d'actualité."

Dans le même temps, voilà que la Banque asiatique de développement (Bad), qui à première vue ne semble pas être une organisation écologiste radicale, estime que ces deux dernières années les catastrophes - typhons, sécheresse, inondations - liées à des événements climatiques ont entraîné le déplacement de 42 millions de personnes en Asie-Pacifique (2). Soit l'équivalent de deux tiers des Français. Dans les années à venir, à cause du dérèglement climatique, les catastrophes et en conséquence les réfugiés climatiques seront bien plus nombreux encore, estime la Bad. Des réfugiés auquel le candidat Sarkozy, engagé dans une surenchère avec la candidate Le Pen, entend fermer la porte de son pays.

Les Français vont-ils voter pour des autruches?
Les Vertes de rage ont lancé un appel: "Résistez, affirmez et exigez que l'écologie politique participe au débat!" (4)
A part cela, on aura eu une belle journée aujourd'hui, très printanière.

(1) France 5, 22 janvier 2012
(2) "La campagne manque de vert", in Télérama, 14 mars 2012
(3) LLB, 14 mars 2012
(4) voir notamment
www.zegreenweb.com/sinformer/les-vertes-de-rage-s’adressent
-aux-candidats-a-l’election-presidentielle,50756

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Lorsque le candidat président traite encore cette semaine EELV de "sorte de secte" ou qualifie de "folle" l'idée du candidat socialiste de réduire la part de l'énergie nucléaire, les médias français relèvent à peine...