lundi 12 mars 2012

Le sort du poète

Même mort depuis septante-cinq ans, le poète est encore rejeté. La statue d'Attila Jozsef, poète hongrois (1905-1937), sera déboulonnée. Ainsi en a décidé le premier ministre hongrois, le populiste Viktor Orban.
La vie d'Attila Jozsef fut un long chemin de croix. Abandonné tout jeune par son père, il est confié par sa mère à une famille adoptive qui lui change son prénom et lui mène la vie dure. Au point qu'il s'enfuit. Il se met à écrire. C'est sa vie. Mais ses poèmes sont jugés tantôt provocateurs, tantôt idéalistes. Ce qui lui vaut d'être exclu du parti Communiste hongrois. Il se suicide à l'âge de trente-deux ans. Il devra s'y reprendre à deux fois: la première fois qu'il se couche sur les rails du train, celui-ci n'arrive jamais: il s'est arrêté en amont à cause... d'un suicide (1).
Aujourd'hui, sa statue, installée près du Parlement hongrois à Budapest, sera déboulonnée. Viktor Orban trouve le poète "politiquement trop marqué à gauche" (2). On voit par là qu'on peut continuer à mener la vie dure même à des morts.

Il a quitté le parti
Qui ne l'a pas accepté
Il a pris part et parti pour l'éternité
Il a quitté la maison
Pour faire un tour pour toujours
Il a quitté le perron aller sans retour

Qu'est-ce que je sais de ce poète-là
Sauf qu'il avait le verbe bref
Et qu'il s'appelait Attila, Attila Joszef

Dick Annegarn

(1) Voir l'introduction de l'œuvre poétique d'Attila Jozsef "Aimez-moi" (éditions Phébus)
(2) "L'exception hongroise", in Télérama, 29 février 2012

2 commentaires:

Chuperpaco a dit…

Merci de rappeler cette belle chanson de Dick Annegarn. Je ne connaissais pas le poète à qui elle faisait référence.

Michel GUILBERT a dit…

Connaissez-vous la version de Calogero (sur l'album hommage à Dick Annegarn, "Le grand dîner")? Avec des envolés de fanfare, elle est superbe.