samedi 16 avril 2022

Des nouvelles de la France profonde

A la campagne, on ne peut se passer de voiture. C'est ce qu'on entend dans tous les reportages sur la mobilité. C'est ce qu'on constate autour de nous. 
Avec cet homme qui cinq ou six fois par jour sort en voiture de chez lui pour y revenir dix, quinze ou trente minutes plus tard, sans qu'on ne sache où il va, faire un tour, relever des collets, acheter un pain ou visiter ses bêtes.
Avec cette femme en parfaite santé qui quotidiennement prend sa voiture pour se rendre à la boulangerie à 200 ou 300 mètres de chez elle.
Avec cette femme jeune qui deux fois par jour promène ses chiens, eux trottinent, elle les suit en voiture.
Le vélo et la marche sont devenus ici, au milieu de la nature, des pratiques exceptionnelles. La voiture un usage qu'on s'impose sans même y penser. 

J'attache mon vélo devant la supérette d'un village voisin. Un homme masqué en sort, il semble avoir le même âge que moi, celui d'un retraité. Il me regarde droit dans les yeux. Je lui dis bonjour. Il se retourne, entendant une alarme de voiture dans son dos. Il me fixe à nouveau. Je lui dis : je vous disais juste bonjour. "Oui, ben, c'est bon !", me crache-t-il en s'éloignant.

Au Conseil municipal, il est question d'un label bio que peut obtenir la commune parce qu'une part importante de sa superficie agricole est cultivée en bio. Plusieurs conseillers n'en veulent pas. "Le bio, c'est de la merde!". "Si tu crois que tu vas nourrir la planète avec du bio..." "Faut arrêter avec le bio, c'est n'importe quoi !". 

Parfois, je me demande qui peut bien voter pour la Le Pen.

Voilà des nouvelles de la France profonde. Mais comment appelle-t-on l'autre France? La France légère, la France de surface, la France superficielle?

Dans la même série, (re)lire sur ce blog
"Des nouvelles de la France profonde", 17.1.2019, 17.6.2018, 10.10.2017 et 8.10.2016 ;
"Pour éviter le torticolis", 1.8.2016 ; 
"Carnet rose", 2.8.2016

1 commentaire:

Berbard De Backer a dit…

La mobilité décarbonnée ou "légère" est un grand sujet dans les zones rurales ou péri-urbaines mal desservies. Il y a un aspect technique, le manque d'alternatives qui sert ausi de prétexte, mais il y a une dimenison socioculturelle bien connue, que l'on retrouve dans d'autres problématiques. Pour des ruraux d'origine populaire (et pas des bobos installés à la campagne), le vélo c'est le rappel de leurs parents ou grands-parents. La bagnole, un signe d'élévation sociale, de repos, etc. J'ai constaté la même chose avec le "sport-aventure" en montagne dans l'aide à la jeunesse en Belgique. Cela ne marchait pas avec les jeunes d'origine marocaine dont les parents ou grands-parents gardaient les moutons dans l'Atlas