mercredi 13 avril 2022

Il fait froid

Que retenir du premier tour de l'élection présidentielle française ?
Que l'extrême droite est désormais, et de loin, le premier parti de France avec 32,15% des voix si on additionne les résultats de Le Pen, de Zemmour et de Dupont-Aignan. Un Français sur trois a voté pour l'extrême droite. Comment expliquer un score aussi effrayant ? La fille à papa a poursuivi son travail de dédiabolisation - aidée par les excès délirants de Zemmour - en se transformant en madone des pleurnicheurs. Elle est la grande consolatrice. Elle a tu tout ce qui dérange dans son programme, mais il n'a pas changé, il est toujours d'extrême droite. Les photos de ses chats si charmants ont fait oublier que Poutine et Trump sont ses modèles et qu'elle représente un réel danger pour la démocratie.
Que le président Macron, sous le prétexte de son rôle de leader de l'Union européenne (qu'il joue plutôt bien d'ailleurs) a joué avec le feu, évitant les débats et cultivant la distance. Augmentant encore son image d'homme hautain.
Que si la gauche s'était présentée unie, elle aurait pu accéder au second tour, mais Jean-Luc Mélenchon a décidé dès le début de faire cavalier seul, refusant primaire et négociation sur un programme et une candidature unique si ce n'était pas le sien et la sienne. Et son parti de reprocher ensuite à d'autres candidats de ne pas s'être retirés en faveur du leader maximo... (1)
Que l'écologie n'est pas un souci pour l'immense majorité des Français. Le réchauffement climatique mène le monde à la catastrophe, les scientifiques ne savent plus en quelle langue le dire, tous les voyants sont dans le rouge, mais la plupart des politiques et des électeurs s'en moquent.
Que les deux vieux partis, socialiste et libéral-conservateur, largement majoritaires aux niveaux municipal, départemental et régional, s'effondrent totalement au niveau national : 6,5% des voix à eux deux.
Que le système présidentiel français est basé sur une bataille d'ego bien plus que d'idées, une affaire de showmen ou de showwomen. Y triomphent les bateleurs, les forts en gueule, celles et ceux qui savent doser leurs coups de colère, leurs clins d'œil et leurs sourires.
Que des électeurs de la gauche radicale se disent prêts à voter pour l'extrême droite quand d'autres ont l'intention de s'abstenir, incapables de distinguer un démocrate d'une ennemie de la démocratie. Qu'on se demande alors quel sens de l'intérêt collectif ils peuvent avoir.
Que le fond de l'air est frais et qu'y traîne une odeur d'égout. 

Post-scriptum (16 avril) : un constat à partir de la réflexion d'un intervenant de l'émission de débat de ce midi sur France Inter : les quatre candidats arrivés en tête au premier tour (Macron, Le Pen, Mélenchon, Zemmour) ne sont pas issus de la primaire d'un parti. Ce sont des personnalités qui se sont portées candidates seules, sans en référer à personne, sûres de leur capacité à rassembler sur leur seul nom.

(1) https://www.marianne.net/politique/ecolos/on-sest-fait-siphonner-par-meluch-chez-jadot-le-vote-utile-lfi-ne-passe-pas

1 commentaire:

Anne-Marie Decoster a dit…

J'ai la nausée quand je pense qu'une personne sur trois rencontrée en France est susceptible de voter à l'extrëme droite.
Quelle honte!