mardi 19 avril 2022

Ets Le Pen, magouilles en tout genre (Maison fondée en 1972)

La fille à papa est la candidate du pouvoir d'achat. Elle connaît le sujet, elle est proche des petites gens. Elle qui a toujours eu des fins de mois difficiles. Jugez un peu : elle ne gagnait mensuellement qu'une dizaine de milliers d'euros pour siéger de temps à autre au Parlement européen. Elle a toujours figuré parmi les plus mauvais élèves de la classe. L'exemple est venu d'en haut. Son cher papa y était surtout connu pour son absentéisme. Mais tous deux ont bien profité de la fonction à des fins personnelles et partisanes. 

Mediapart révèle (1) que " la justice française a été saisie mi-mars d’un rapport accablant de l’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) de l’Union européenne (UE). Le document vise en effet personnellement la candidate du Rassemblement national (RN), l’accusant d’avoir détourné l’argent public du parlement de Strasbourg quand elle y a siégé en tant que députée entre 2004 et 2017. "
Le rapport est solide - 116 pages - et est  siglé « sensible ». L’Olaf y préconise le remboursement par Marine Le Pen, à titre personnel, de la somme de 136 993,99 euros, correspondant à différents détournements de fonds qui lui sont imputés par l’organisme anti-fraude. Elle n'est pas la seule de son parti à se faire épingler. "Outre Marine Le Pen, trois autres ex-députés européens – son père Jean-Marie Le Pen, son ancien compagnon Louis Aliot et Bruno Gollnisch, membre du bureau national du RN –, ainsi que le groupe parlementaire d’extrême droite Europe des nations et des libertés (ENL), sont directement mis en cause par l’Olaf. Le montant total des sommes réclamées s’élève exactement à 617 379,77 euros." Les conclusions du rapport de l’Olaf "sont assassines pour Marine Le Pen et son clan, qui revendiquent pourtant depuis des années le vieux slogan maison : Mains propres et tête haute." L’Olaf, poursuit Mediapart, a conclu que le comportement des quatre anciens députés du Parlement européen (Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch, Marine Le Pen et Louis Aliot) "a mis en péril la réputation des institutions de l’Union", peut-on lire dans le rapport.

Ce qu'on leur reproche : d’abord d’avoir détourné des fonds publics européens du fameux « budget 400 » à des fins de politique nationale.
"Parmi les exemples : 23 100 euros d’objets promotionnels (sacs, stylos, porte-clés, etc.) livrés au siège du parti et qui « semblent avoir été achetés pour le congrès du FN à Lyon », en 2014 ; 4 107 euros de bouteilles de Beaujolais distribuées par Bruno Gollnisch au même congrès (comme l’attestent des photos) ; la demande (rejetée) de remboursement concernant des frais liés à la venue à ce congrès d’une « experte », qui était en réalité une prestataire d’eurodéputé·es ; des virements, entre 2012 et 2014, d’une autre société prestataire à l’association « Groupe des droites européennes » (GDE) « à des fins politiques » (ces fonds auraient notamment servi, d’après l’ex-assistant de Marine Le Pen, à rémunérer des proches du parti, tels que son garde du corps – ce qui « surprend » Marine Le Pen, qui fait valoir qu’il était déjà rémunéré comme assistant parlementaire)."
En 2018, la candidate du RN avait déjà été mise en examen pour « détournements de fonds publics » dans le dossier de ses assistants parlementaires européens. "Marine Le Pen est soupçonnée d’avoir fait travailler pour le compte de son parti des collaborateurs payés par l’argent public européen, normalement au service exclusif du parlement de Strasbourg. Dans ce dossier, le Parlement européen, sur la base d’un premier rapport de l’Olaf, lui avait déjà réclamé en 2016 le remboursement de 339 000 euros de fonds, considérés comme le fruit d’une malversation."
Le père Le Pen, lui, a rempli sa cave à (grands) vins aux frais du Parlement européen, des conflits d'intérêts ont été dénoncés, des sommes ont été utilisées pour des services jamais créés ou des réunions fictives organisées. Bref, le parti a les mains bien plus sales qu'il ne l'affirme. A la lecture de l'article, très documenté, de Mediapart, on se rend compte que le RN dénonce un système dont il use et abuse à des fins personnelles et qu'il passe son temps à piller.  

Il y a cinq ans, peu avant l'élection présidentielle de 2017, voici ce que j'écrivais sur ce même blog (2) :

Celle qui caracole en tête, c'est Marine Le Pen, la candidate anti-système qui a pu faire ses premières armes en politique en étant employée par son père qui lui a ensuite légué son parti. Grâce à son nom, elle a été élue au Parlement européen où elle est classée parmi les plus mauvais élèves pour manque d'assiduité. Elle collectionne les casseroles :
- Le Parlement européen lui reproche de ne pas avoir respecté ses règles et d'avoir employé des assistants parlementaires comme conseillers pour son parti ou comme garde du corps. Mais il faut dire qu'elle a été initiée par papa à ces pratiques: dans les années '90, ses enfants ont eu comme baby-sitter une assistante parlementaire d'un élu européen du F.N. (3)
- Quasiment toutes les campagnes du FN menées depuis qu'elle a pris la succession de son père font l'objet d'instructions judiciaires pour "escroqueries", "recels d'escroquerie", "abus de biens sociaux", "recels d'abus de biens sociaux" et "blanchiment". Son micro-parti Jeanne se serait enrichi de 9 millions d'euros sur le dos de l'Etat.
- L'agence russe d'assurance des dépôts bancaires réclame au F.N. le remboursement de neuf millions d'euros que le parti avait obtenu auprès d'une banque qui a fait faillite. Un prêt qui alimente les soupçons d'accointances entre le parti d'extrême droite et la Russie de Poutine.
- La Haute autorité pour la transparence de la vie publique mène une enquête sur Marine Le Pen et son père pour "sous-évaluation manifeste de certains actifs" que détiennent en commun  père et fille.
Ce parti anti-système sait comment profiter de celui-ci et aime, plus que les autres, l'argent. Ce qui n'empêche pas sa présidente d'être la préférée des Français, donnée en tête du premier tour à 25-26%.
Les électeurs sont comme des supporters de sportifs. Leurs champions ont le droit de tricher, de truquer des compétitions, de se doper, pourvu qu'ils les fassent rêver. Mais les autres qui en feraient tout autant doivent être éliminés radicalement. C'est ce qu'on appelle des fans. Des fanatiques.
Que voit-on par là? Que la démocratie représentative élective ne repose pas sur la raison. Qui peut encore croire que les électeurs mettent l'honnêteté (financière et intellectuelle) en tête des valeurs qu'ils s'attendent à voir respectées au premier chef par leurs élus?

Emmanuel Macron a été ou s'est enfermé dans une caricature de "président des riches". Et Marine Le Pen essaie de se faire passer pour la candidate des pauvres. Pauvre petite fille riche (4) et enrichie frauduleusement. 

(1) https://www.mediapart.fr/journal/france/160422/argent-public-un-rapport-accuse-marine-le-pen-de-detournements-la-justice-saisie
(2) Extrait de "Gens honnêtes et honnêtes gens", 17.2.2017.
(3) Le baby-sitting, c'est le Parlement européen qui le lui a payé, avec mes indemnités!, avait déclaré Jean-Claude Martinez à Caroline Fourest et Fiammetta Venner. Ils m'ont fait engager Huguette Fatna, la marraine des enfants, comme assistante parlementaire... Mais à l'époque, le Parlement européen, elle ne savait pas où ça se trouvait, elle n'y venait jamais. Par contre, elle passait son temps à garder les enfants de Marine!" ("Marine Le Pen - biographie", Grasset, 2011, p. 120)
(4) (Re)lire sur ce blog : "Pauvre petite fille riche", 17.4.2014.

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