vendredi 15 mars 2013

Bon sens, mais c'est bien sûr!

Peut-on gouverner sans idée? On se pose la question. Dans le débat complexe sur le soutien à apporter ou non au développement des énergies renouvelables, le député wallon et libéral Jean-Luc Crucke traite le ministre Nollet  de "pur idéologue" (1). Un idéologue, nous explique le Petit Robert, est une "personne qui croit à la puissance des idées". Dans le sens péjoratif, ajoute-t-il, c'est aussi un "doctrinaire dépourvu de réalisme". Ce n'est pas la première fois - ni la dernière - que leurs adversaires reprochent aux écolos de "faire de l'idéologie". Maxime Prévot, autre député wallon, centriste celui-là, estime aussi que "sur les sujets liés à l'énergie et à l'aménagement du territoire, ils (les Verts) conservent une approche trop idéologique" (2). Que faut-il comprendre par là? Qu'on ne gouverne plus aujourd'hui avec des idées? Qu'il faut les laisser de côté? Qu'il faut se contenter d'être réaliste? Et si c'est le cas, de quelle réalité faut-il se satisfaire dans un système capitaliste qui, chaque jour un peu plus, devient synonyme de catastrophe ? Si l'on gouverne sans idées, sur quelle ligne fonder son action? Sur la "gestion" de la réalité, qui consisterait à "faire avec", en en pansant au fur et à mesure les erreurs? Ou alors sur le populisme - très à la mode en cette période où les idéologies soit ont sombré, soit sont devenues un gros mot - qui fonctionne sans projet autre que de plaire?

Un populiste qui aimerait exister en Belgique, c'est Mischaël Modrikamen. Il veut "réformer en profondeur la Wallonie" et se déclare "en phase" avec la "véritable révolution conservatrice" qu'incarne la NVA (3). Il adore les oxymores. L'idée de révolution implique celle de changements profonds. Il propose de changer en revenant en arrière, vers on ne sait quelles vieilles valeurs sûres. Ah! Le bon vieux temps! Celui où on vivait tranquillement chez soi, entre soi. Il est sûr d'avoir raison, puisqu'on le suit, dit-il: "quand il m'arrive de passer à la télé, je fais quasi autant d'audience qu'Elio Di Rupo" (3).
Pour mener sa révolution conservatrice, il n'a pas d'état d'âme: "nous préparons de grandes manœuvres de regroupement. Cela peut être avec le Front national. (...) Nous sommes pour le rétablissement des frontières. (...) Les délinquants étrangers, dehors! Les ultra-islamistes, dehors!" (4). Sur le plan énergétique, il veut "sortir du délire ambiant en misant sur le gaz de schiste" (3). Ah, c'est sûr, ce ne sont pas des idéologues qui viendraient avec de tels projets. Ce ne sont pas des idées qui mènent les populistes. Juste le bon sens.

(1) LLB, 14 mars 2013.
(2) Le Vif, 15 mars 2013.
(3) Le Vif, 22 février 2013.
(4) Le Vif, 26 août 2011.

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