mercredi 14 janvier 2015

Charlie est bien vivant


La une d'aujourd'hui est bien fidèle à l'esprit de Charlie: drôle, impertinente, intelligente.
Mais déjà des esprits chagrins se font entendre, nous dit-on, dans le monde arabo-musulman. Elle serait insultante pour le Prophète.
N'est-il pas beaucoup plus insulté quand en son nom des fous furieux assassinent des journalistes, des caricaturistes, des policiers, des juifs, des agents d'entretien?
N'est-il pas beaucoup plus insulté quand en son nom des crapules forcent une gamine de dix ans à se faire exploser en faisant vingt morts autour d'elle?
N'est-il pas beaucoup plus insulté quand en son nom on lapide des femmes, on coupe des mains ou des langues, on viole, on tue?
N'est-il pas beaucoup plus insulté quand en son nom on condamne à mort un militant anti-esclavagisme en Mauritanie (1)?
N'est-il pas beaucoup plus insulté quand en son nom on appelle à la mort de l'écrivain Kamel Daoud pour avoir critiqué l'islam (2)?
N'est-il pas beaucoup plus insulté quand en son nom on oblige les femmes à vivre cachées, on empêche les gens d'écouter de la musique, de danser, de boire, bref de profiter de la vie?
N'est-il pas beaucoup plus insulté quand en son nom des salafistes détruisent à Nice la devanture d'un épicier parce qu'il vend du jambon et de l'alcool (3)?
N'est-il pas beaucoup plus insulté quand en son nom on interdit aux enfants de fabriquer des bonshommes de neige sous prétexte qu'ils seraient sacrilèges (4)?
Et le représenter dans la compassion, versant une larme sur les victimes tuées en son nom serait insultant? On a du mal à suivre.
Le délit de blasphème n'existe pas. Celui de crime oui.
Ne pas se lever contre tous les crimes, toutes les exactions, toutes les bêtises commises au nom d'un dieu ou d'un prophète quel qu'il soit, c'est insulter l'humanité. Elle est vivante, elle.
Et comme le disait Sophia Aram, "on a décidé (les athées) que votre droit de prier est un droit inaliénable. (...) Votre liberté de prier est le pendant de notre liberté de penser" (5).
Amen.

(1) Mohamed Cheikh Ould El Mkhaitir a été condamné à mort pour avoir écrit un texte "contre l'esclavage et notamment contre sa justification par la religion islamique, tel qu'il est encore pratiqué au pays des Maures". La répression est de plus en plus dure contre les militants abolitionnistes en Mauritanie. "L'islam, s'il a adouci et réglementé l'esclavage, ne l'a jamais aboli. Bien au contraire, Mahomet lui-même possédait des esclaves, et ses enseignements ont même consacré la condition servile, notamment celle des concubines, qui doivent se soumettre à un droit de cuissage du maître sans aucun droit en retour, même pas celui de disposer de leurs enfants. Aujourd'hui encore, les esclaves mauritaniennes, toutes nées en captivité, subissent ces mêmes lois sans que médias, ONG ou institutions étatiques puissent leur apporter assistance." Zineb El Rhazoui, "Esclaves contre dieux et maîtres", Charlie Hebdo, 7 janvier 2015.
(3) Zineb El Rhazoui, "Inquisition halal à Nice", Charlie Hebdo, 31 décembre 2014.
(2) Zineb El Rhazoui, "Les salafistes regardent Ruquier", Charlie Hebdo, 24 décembre 2014.
(4) www.liberation.fr/monde/2015/01/13/la-fabrication-de-bonhommes-de-neige-sacrilege-en-arabie-saoudite_1179819
(5) excellent billet de Sophia Aram ce lundi 12 janvier (8h55): "Le blasphème, c'est sacré", à réécouter sur www.franceinter.fr

2 commentaires:

Didier L. a dit…

Le concept d'islamophobie, calqué sur celui de xénophobie, a pour but de faire de l’islam un objet intouchable sous peine d’être accusé de racisme. Cette création, digne des propagandes totalitaires, entretient une confusion délibérée entre une religion, système de piété spécifique, et les fidèles de toutes origines qui y adhèrent.
Pascal Bruckner

Bullard Esq. a dit…

Mohamed Ould Cheikh Ould Mkhaitir a ete condamne a mort en Janvier 2014 parceque il a denounce le racisme dans la religion islamique en particulier dans la pratique Malikite suivi dans la Mauritanie.
Il n'a rien écrit contre l'esclavage, mais plutôt a denounce le system caste et les forgerons.

Nous travaillons pour sa liberté,

Alice Bullard
President
IRA - USA
www.ira-usa.org