jeudi 8 janvier 2015

Des questions

Qu'est-ce qui peut donc bien se passer dans la tête de sombres crétins pour qu'ils décident un jour d'aller massacrer l'équipe de Charlie Hebdo? Que gagnent-ils, qui gagne quoi à faire disparaître des journalistes et des dessinateurs dont tout le travail se concentrait sur la lutte contre le racisme, contre la violence, contre la bêtise? "Charlie s'est toujours battu contre toutes les formes d'extrémisme, contre la connerie", rappelait ce matin entre ses larmes Patrick Pelloux sur France Inter. Quel soutien, à part celui de quelques hyènes, espéraient-ils recevoir après un acte aussi lâche et ignoble? Quand ils mourront, ce n'est pas face à 70 vierges que se trouveront ces assassins, mais devant 70 pages vierges sur lesquelles ils devront écrire ce qu'ils ont fait de positif dans leur vie. Ils pourront y décrire la société idéale dont ils rêvaient et pourront s'inspirer pour cela des textes de Bernard Maris qu'ils ont tué. Oncle Bernard, un des trop rares économistes capables d'expliquer pourquoi et comment une autre économie est possible (1). Et ces imbéciles l'ont assassiné froidement. 
Oui, mais Charlie Hebdo était contre l'islam, disent des âmes bien croyantes et mal pensantes. Charlie n'aimait pas les religions, toutes les religions, comme il n'aimait pas le racisme et la connerie, comme il démontait les manipulations et rabotait les langues de bois. Pour tout cela, il reste indispensable.
Ils croyaient avoir tué Charlie, mais Charlie sera toujours en kiosques mercredi prochain. La solidarité le sauvera. Pourvu qu'elle perdure au-delà de l'émotion. 
En attendant, on découvre d'autres noms dans la liste des morts (2). A ceux de Charb, Cabu, Oncle Bernard, Wolinski, Tignous, s'ajoutent ceux du dessinateur Honoré, de la psychanalyste Elsa Cayat, de Michel Renaud, organisateur du festival Carnets de voyage à Clermont-Ferrand, de Frédéric Boisseau, agent d'entretien, de deux policiers Ahmed Merabet et Franck Brinsolaro. Celui aussi de Moustapha Ourrad, correcteur à Charlie à qui un membre de l'équipe (c'était Cavanna, je pense) avait rendu un bel hommage il y a plusieurs mois, louant notamment sa parfaite maîtrise de la langue française. Douze morts pour quoi? Est-il permis de l'espérer? Pour qu'il y ait plus de solidarité au sein de la société française? Plus d'affirmation de la liberté d'expression? Moins de place pour la violence et la bêtise crasse? En tout cas, comme le dit Patrick Pelloux, "c'est pas la connerie qui va gagner".

Une grande manifestation se prépare à Paris ce dimanche, rassemblant toutes les composantes de la société. Le FN aurait évidemment le culot d'en être, lui qui a multiplié les procès à l'encontre de Charlie qu'il haïssait. Par respect pour la mémoire des disparus de Charlie, le FN devrait se contenter d'aller à la messe ce jour-là. Et même à confesse, tant qu'à faire.

A voir des dessins d'hommage de différents dessinateurs à travers le monde:
http://www.lemonde.fr/grands-formats/visuel/2015/01/08/dessinateurs-du-monde-entier-tous-charlie_4551870_4497053.html#xtor=RSS-3208

(1) www.huffingtonpost.fr/jacques-sapir/bernard-maris-mort_b_6429820.html?utm_hp_ref=france
(2) www.huffingtonpost.fr/2015/01/08/victimes-charlie-hebdo_n_6434150.html?utm_hp_ref=france
www.rtbf.be/info/societe/detail_charlie-hebdo-des-journalistes-tues-mais-aussi-des-victimes-collaterales?id=8733608

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