lundi 3 janvier 2011

Les bas de la Marine

A tout saigneur, tout honneur: le premier billet de l'année 2011 est consacré à la fille à son bouledogue de papa, j'ai nommé Marine Le Pen. On ne parle plus que d'elle dans la presse française. Elle fait le buzz, comme on dit aujourd'hui. Toute la presse en parle, elle court les plateaux de télé, on se l'arrache. "Au plan médiatique, la diabolisation a vécu, écrit R. Ro dans le Vif (1), Marine Le Pen a été la vedette de toutes les émissions littéraires ou politiques de la rentrée. Je suis un produit d'appel, se réjouit-elle." "Il y a l'image télévisuelle et il y a la face cachée, poursuit R. Ro. Sur les plateaux, Marine Le Pen développe son programme économique pour sortir de l'euro; dans les fédérations, elle martèle les fondamentaux du parti, prônant la préférence nationale et la peine de mort pour certains crimes."
"La plus-value de Marine Le Pen, ajoute Jacques Julliard dans Marianne (2), comprend, rappelons-le, le rétablissement de la peine de mort, l'arrêt de l'immigration, la suspension du droit du sol, c'est-à-dire de la conception humaniste et non raciale de la nationalité, et l'on en passe. Mais c'est aussi, dans le domaine économique et social, la sortie de l'euro, le protectionnisme, la fermeture des frontières, en un mot, un improbable mélange de France seule à la Maurras et de socialisme dans un seul pays à la soviétique. Peu importe que ce programme de retour à l'âge de la pierre n'ait ni cohérence ni réalisme: il sert avant tout de marqueur social et tend à présenter le Front national comme l'aile populaire d'une vaste coalition de droite."
Et ça marche: "Marine Le Pen, si elle était candidate à l'élection présidentielle, pourrait dépasser 18% des suffrages. Des sondages, non encore rendus publics, l'indiquent", écrit Jean-Françis Kahn dans Marianne (2).
Les télés l'y aident bien. Elle y est une représentante politique parmi les autres, mais une excellente cliente. Le discours de l'extrême-droite s'est banalisé notamment grâce à la télé. On se souvient qu'il y a plus de vingt ans déjà, dans Ciel, mon mardi!, Christophe Dechavanne invitait des racistes et des anti-racistes. Comme si toutes les opinions se valaient et qu'il suffisait juste d'argumenter. De faire du spectacle en réalité, et donc de l'audience. Elle n'a pas de prix. Les discours de l'extrême-droite, réduits au simplisme, passent bien en télé. Face à une phrase slogan d'un extrémiste, il faut cinq minutes de contre-argumentation d'un démocrate. "Les professionnels de ce secteur (la télévision) ont choisi de privilégier le spectacle et l'affectif au détriment du fond", déclare Michel Rocard (3). L'ancien premier ministre estime que "dès que vous avez un entrelacs d'arguments ou de faits rassemblés pour comprendre un événement ou une simple information qui nécessiterait un début d'explication, c'est impossible: les acteurs de la télévision vous affirment qu'un tel exercice suppose une attention toute particulière qu'aucun téléspectateur n'est en mesure de soutenir". Donc, la Le Pen a raison, sur un point: elle est bien un produit d'appel. D'appel de quoi? Du simplisme, de la haine, de la bêtise? De tout cela à la fois sans doute.

Putain! Marine Le Pen, non, non.
Mais Marine Le Pen, non, non.
Tu le crois pas, tu le crois ça?
Katerine, "Le 20.04.2005"

(1) 17.12.2010
(2) 18.12.2010
(3) Le Vif, 22.10.2010

6 commentaires:

Unknown a dit…

Pas de marteau sans enclume

Marine : « c’est une histoire insensée non ? Tu m’entends petit mesquin ?
Je suis en train d’enfoncer un clou dans le dos d’un clandestin, autrement dit, je suis dans mon droit …
Et cette givrée, je dis ça avec le temps qu’il fait, arrive de Lille avec une tenaille
et arrache mon clou avec la conscience tranquille.
Tu as dû ressentir de ces douleurs. Mon père qui est un expert en la matière, m’a prévenu :
celui qui te rend service, ne te rend pas service !
Pourquoi est-ce qu’elle l’a arraché ? Pourquoi ? Parce que figure-toi,
je vais devoir le réimplanter. Que je me retape de nouveau cette corvée…
et dire que ce n’est pas mon métier… je ne suis ni juge, ni policier mais un digne représentant de l’Etat nation qui estime que pour mettre un terme à ce bourbier, chacun a son rôle à jouer.

http://www.tueursnet.com/2010/12/pas-de-marteau-sans-enclume/

Unknown a dit…

Je t’ai dans la peau
Aucune résolution individuelle ne mettra jamais un terme à nos querelles.
Nous avons besoin d’une résolution collective… être plusieurs à prendre la même résolution… comment on appelle ça déjà ?
Une révolution…
Sans faire couler la moindre goutte de sang. Sans armes et sans vacarme…
http://www.tueursnet.com/2011/01/je-tai-dans-la-peau/

gabrielle a dit…

Ci-joint deux articles intéressants sur la percée du "monstre doux" en Europe.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100929.OBS0551/dans-newsweek-europe-la-montee-de-l-extreme-droite-par-denis-macshane.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/09/12/pourquoi-l-europe-s-enracine-a-droite_1409667_823448.html#xtor=RSS-3208

La dame Le Pen dans une émission "littéraire"? C'était sur quelle chaîne?

gabrielle a dit…

On va caricaturer et rire un peu, mais le service public télévisé français - il n'est pas le seul en Europe - c'est devenu quoi au niveau de l'info?

Prenons un JT de 30' à 20H.
1. Ouverture. En hiver, 15' sur la neige (si en Ile de France). En été, 15' sur la canicule ou la sécheresse. Au printemps, 15' sur des inondations. En automne, 15' sur faire le vaccin anti-grippe ou pas. Et, précédant tout autre sujet, 15' si d'aventure l'équipe de France de foot fait parler d'elle.

2. Ensuite. Deux ou trois faits divers sordide(s) et les commentaires des témoins a) sur le trottoir, b) sur l'insécurité.

3. Après. Une lecture rapide de certains communiqués de presse fournis par l'Elysée et un aperçu de quelques gesticulations politiques dans la majorité ou l'opposition.

4. Puis. S'il y a place, un peu de politique internationale, rien ou presque en politique européenne, éventuellement une fermeture d'entreprise ou une délocalisation pour parler économie, de temps en temps un témoignage sur un/e jeune de banlieue "qui a réussi" ou "qui fait tout pour s'en sortir" ou "qui n'arrive pas à s'en sortir".

5. Vers la fin. Régulièrement, un reportage (au choix) sur les vacances/les loisirs/les soucis/les dépenses/les lieux de vie/le réveillon/les changements d'habitudes/les comptes en banque... des "ultra-riches".

6. Pour conclure. Souvent, quelques minutes sur les états d'âme ou le come-back d'un membre du show business.

Le spectacle quoi. L'audience, pas l'info. Retenir à tout prix le téléspectateur avec une diversité de sujets rapidement traités. Et une injonction "Il est telle heure... restez bien avec nous" en milieu de JT des fois que certains seraient déjà las de toutes ces "informations".

Michel GUILBERT a dit…

La RTBF n'est, hélas, pas en reste. La neige a fait l'essentiel de l'actualité pendant des semaines. Hier, c'était les soldes... Et avant-hier, un sujet passionnant. Et capital: la fonction réveil de l'i-phone ne fonctionne plus en 2011.
Heureusement qu'il reste Arte pour ne pas désespérer complètement de la télé.

Je n'ai pas de réponse à la question plus haut: je ne sais pas dans quelle émission littéraire a été invitée Marine Le Pen. C'est le journaliste du Vif qui l'affirme. Si c'est vrai (ce que je suppose), c'est vraiment désespérant!

gabrielle a dit…

Voui, voui mon bon Monsieur, la RTBF n'y coupe pas.

Dans les jours qui viennent, on aura droit à l'incontournable galette des Rois et à la terrible fin des vacances pour les profs et élèves. Peut-être aussi un reportage haletant sur la chute mortelle de milliers de volatiles dans l'Arkansas. Et, cerise sur le gâteau, une séquence "Europe assistance" sur les chutes moins définitives de ceux qui sont partis skier.
On parie ? ;-)