lundi 14 juin 2010

Ils ont voté... et puis après?

Quelques commentaires post-électoraux. Subjectifs. Totalement subjectifs.

Quel beau dimanche pour la NVA! Le triomphe est total. Restera à le gérer, disent les commentateurs. Bart De Wever risque de devoir mettre de l'eau dans son vin s'il veut entrer dans le gouvernement. Au risque de se mettre à dos une part non négligeable de ses électeurs. De Wever croit-il réellement que la Flandre pourrait un jour prochain, ou même plus lointain, prendre son indépendance? L'Union européenne a dû lui envoyer précédemment des messages clairs, lui indiquant qu'il est hors de question qu'une Flandre indépendante soit un jour accueillie dans le grand concert européen. L'Europe des 27 n'est déjà pas une sinécure. Alors, l'Europe des 270 régions... Les Catalans, les Corses, les Bretons, les Basques, les Italiens du Nord, les Ecossais et tous les régionalistes que j'ignore encore ont déjà tous le nez au balcon. Ils frétillent comme des gardons.
Et puis la Flandre prendrait-elle son indépendance en abandonnant aux Francophones Bruxelles et tout ce que représente cette ville sur le plan international? Difficile à croire qu'on n'ait pas surtout eu affaire à une grande entreprise de musculation.
Une réflexion par rapport à l'électorat: de récents sondages en Flandre indiquaient que seuls 10% des Flamands seraient favorables à une scission de la Belgique. Mais 30% votent pour la NVA séparatiste. Cherchez l'erreur.

Quel beau dimanche pour le Ps. Les sourires paient. Elio est à nouveau empereur. Elio Di Rupo, c'est celui-là même qui se faisait élire en 2007 au Parlement fédéral. Pour en démissionner deux ans plus tard parce qu'il s'était fait élire au Parlement wallon. Un an plus tard, c'est-à-dire demain, il va en démissionner puisqu'il s'est à nouveau fait élire au Parlement fédéral. Et le Ps se présente comme un garant de stabilité. C'est sûr: Elio Di Rupo est l'incarnation même de la stabilité, capable d'assurer ses responsabilités jusqu'au bout et ne prenant pas ses électeurs pour des veaux!
Michel Daerden triomphe aussi à nouveau. Interrogé par RTL hier soir, il savourait son succès: lui en queue de liste a fait bien plus de voix qu'Alain Mathot, tête de liste. "Alain a joué, il a perdu", a-t-il déclaré de cette voix pâteuse qui, paraît-il, fait son charme. A la place d'Alain Mathot, je demanderais une protection rapprochée. A la RTBF, François De Brigode éclatait de rire, parce que Daerden l'interpellait par son prénom. De mon côté, je cherchais en vain une raison de rire. La question, après chaque élection, reste entière: comment cet individu fait-il un tel paquet de voix (72.000 cette année, si j'ai bien lu - c'est 71.999 d'inexpliquables)? Aux yeux de certains, cet homme apparaitrait chaleureux, paraît-il. Il me glace. Et on s'étonnera que les Flamands ne comprennent pas les Wallons. Je me sentais Flamand. Un souffle venu de Russie sortait de la télé. Là-dessus, j'ai repris un verre de vin.

Au JT de la RTBF ce soir, Thomas Gadisseux, face au palais royal, nous parle d'un parti de centre-droite d'un côté, d'un parti de gauche de l'autre. Ce qui me réjouit, c'est l'optimisme de ce jeune homme. Ne pas vouloir voir que la NVA est solidement ancrée à droite et que le Ps est un parti d'une vague gauche (ou d'une gauche vague), c'est faire preuve ou de naïveté ou d'incapacité d'analyse. Biffez la mention inutile, s'il échet.

Une raison de se réjouir. Quand même! Le FN disparaît totalement du côté francophone. Et le Vlaams Blokbelang perd un tiers de ses sièges. Je le disais: quel beau dimanche!

"C'est un pays qui me débèqu'te
Pas moyen de se faire anglais
Ou suisse ou con ou bien insecte
Partout ils sont confédérés...
Faut les voir à la télé-urne
Ces vespasiens de l'isoloir
Et leur bulletin dans les burnes
Et le mépris dans un placard

Ils ont voté... et puis après?

Dans une France socialiste
Je mettrais ces fumiers debout
A fumer les scrutins de liste
Jusqu'au mégot de mon dégoût
Et puis assis sur une chaise
Un ordinateur dans l'gosier
Ils chanteraient la Marseillaise
Avec des cartes perforées

Le jour de gloire est arrivé"

(Léo Ferré: Ils ont voté)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Après la démocratie, on fera comment ?

Michel GUILBERT a dit…

Cher Monsieur ou Madame Anonyme,
je suis désolé de vous le dire aussi brutalement: voilà bien longtemps que nous ne sommes plus en démocratie, mais en populocratie. La nuance est importante. Les deux partis qui ont gagné hier sont des partis populistes. C'est comme cela que fonctionne la Belgique. La preuve par les (b)urnes.