mercredi 20 mars 2019

Nasrin Sotoudeh

Trente-huit ans de prison et cent quarante-huit coups de fouet, voilà la peine infligée à l'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh. Son crime: avoir défendu des femmes qui ne portaient pas le voile et en revendiquaient le droit. Bien sûr, le tribunal islamique a invoqué d'autres raisons, toutes plus invraisemblables les unes que les autres: "incitation à la corruption et à la prostitution", "insulte au Guide suprême", "incitation à la débauche", "propagande contre l'Etat" et on en passe tant ces accusations sont ridicules. Ce qu'on lui reproche, c'est de s'être opposée au port du hijab, d'avoir retiré celui-ci lors de visites de ses clientes en prison, d'avoir accordé des interviews aux médias à propos de l'arrestation violente et de la détention de femmes qui contestent l'obligation du port du voile islamique. Ce qu'on leur reproche, à elle et à ses clientes, c'est de vouloir être des femmes simplement libres. Et se montrer la tête libre lui coûte donc trente-huit ans de prison et cent quarante-huit coups de fouet. Ainsi va la vie pour les femmes dans ce pays de vieux barbus obsédés qui les haïssent.
On peut - on doit - exiger la libération de Nasrin Sotoudeh, en envoyant un courrier à Khamenei,  Guide suprême d'Iran:   https://www.amnesty.fr/actions-mobilisation/agir-pour-nasrin-sotoudeh?utm_source=emailing-action%20&utm_medium=email&utm_campaign=soutien%20nasrin%20sotoudeh

On peut aussi cesser de dire et laisser dire que le président Hassan Rohani est un modéré. Ce régime théocratique reste un régime de terreur, en particulier pour les femmes.
On peut - on doit - aussi cesser de soutenir coûte que coûte le port du voile islamique: c'est un instrument de soumission des femmes. Qui paient très cher, en Iran, en Arabie saoudite, au Pakistan, en Afghanistan, en Malaisie et tant d'autres pays obscurantistes le refus de ce signe politique. On peut toujours faire semblant de l'ignorer, mais chaque jour dans le monde des millions de femmes sont forcées de se couvrir, de cacher leurs cheveux honteux, voire l'ensemble de leur corps sous peine de prison ou même de mort.
Mais qui s'indigne aujourd'hui de leur sort? Comme l'écrit Gérard Biard, on n'entend pas dans nos pays tous ces zélés défenseurs du port du voile : "pour ces ardents défenseurs de la culture musulmane, le monde musulman n'existe pas. Ce qui s'y déroule ne les intéresse pas - à ce point, on frôle même le mépris" (1).
Nasrin Sotoudeh et toutes les Iraniennes scandaleusement condamnées doivent être libérées.

(1) Gérard Biard, "Et Nasrin Sotoudeh, elle sent le gaz ?", Charlie Hebdo, 20.3.2019.


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