dimanche 10 mars 2019

Plus blancs que blanc

Parmi les mesures envisagées pour satisfaire les Gilets jaunes, on parle aujourd'hui d'une "reconnaissance" du vote blanc. C'est une obsession pour beaucoup de Français depuis longtemps. J’en ai déjà parlé ici (1) et je n'arrive toujours pas à la comprendre.
Quel sens a le vote blanc dans un pays où le vote n'est pas obligatoire? Pourquoi se déplacer jusqu'à un bureau de vote pour aller dire que personne ne vous convient? Si c'est le cas, présentez-vous à l’élection. Si aucun candidat ne peut vous représenter, alors présentez-vous vous-même comme candidat. 

C'est ce qu'ont fait certains, mais en présentant une liste « Vote blanc », (1) pour tenter de récupérer de manière absurde, voire scandaleuse, les votes des insatisfaits.
Pour l’élection présidentielle de 2017, Stéphane Guyot, qui avait mené une liste « Citoyens du vote blanc » en Ile-de-France aux élections européennes de 2014, entendait se présenter comme « le président du vote blanc ». Bien longtemps avant que les candidats à l’élection présidentielle ne soient officiellement connus, son « Parti du vote blanc » avait déjà décidé qu’aucun de ces candidats – non encore déclarés ! – ne répond(r)ait à ses attentes et il voulait donc présenter son candidat avec pour tout programme la reconnaissance du vote blanc. Voilà donc des listes ou des candidats qui reprochent aux autres les manques dans leur programme et qui se proposent au vote sans aucun programme. Si le FN est proche du degré zéro de la politique, on est ici au degré - 3. Peut-on imaginer un seul citoyen qui voterait pour une liste qui n'a ni idée, ni programme, ni souhait, qui se présente aux élections pour affirmer qu'il est insatisfait et est prêt à siéger pour dire qu'il ne pense rien? Quand la démocratie représentative verse dans un tel non-sens, une telle escroquerie, il y a de quoi s'inquiéter.
Pourtant, sans doute, une partie de ces candidats, candidement, croient en défendant le vote blanc œuvrer en faveur du bon sens. Comme si celui-ci existait et constituait une vérité indiscutable. Le bon sens de l’un est le mauvais de l’autre… 

Reste la question délicate de la validité d’élections auxquelles moins de la moitié des électeurs auraient participé. La plupart des consultations populaires et des référendums, pour que leurs résultats soient pris en compte, doivent réunir un certain pourcentage de participation. Devrait-il en être de même pour les élections ? Quand deux ou trois listes seulement se proposent aux suffrages des électeurs, on peut comprendre que certains d’entre eux n’y trouvent pas le programme qu’ils souhaitent. Mais alors n’est-ce pas à eux précisément de présenter une alternative ? S’il n’y a pas suffisamment de partis et de listes en présence, c’est alors aux électeurs insatisfaits de prendre leurs responsabilités. Sinon à qui d’autre ? Ainsi va la démocratie représentative.


(1) (Re)lire sur ce blog "Chèque en blanc", 5.5.2014.


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