Parmi les mesures envisagées pour
satisfaire les Gilets jaunes, on
parle aujourd'hui d'une "reconnaissance" du vote blanc. C'est une obsession pour
beaucoup de Français depuis longtemps. J’en ai déjà parlé ici (1) et je
n'arrive toujours pas à la comprendre.
Quel sens a le vote blanc dans un pays où
le vote n'est pas obligatoire? Pourquoi se déplacer jusqu'à un bureau de vote pour aller dire que
personne ne vous convient? Si c'est le cas, présentez-vous à l’élection. Si
aucun candidat ne peut vous représenter, alors présentez-vous vous-même comme candidat.
C'est ce qu'ont fait certains, mais en présentant une liste « Vote
blanc », (1) pour tenter de récupérer de manière absurde, voire scandaleuse, les votes des
insatisfaits.
Pour l’élection présidentielle
de 2017, Stéphane Guyot, qui avait mené une liste « Citoyens du vote blanc »
en Ile-de-France aux élections européennes de 2014, entendait se présenter
comme « le président du vote blanc ». Bien longtemps avant que les
candidats à l’élection présidentielle ne soient officiellement connus, son
« Parti du vote blanc » avait déjà décidé qu’aucun de ces candidats –
non encore déclarés ! – ne répond(r)ait à ses attentes et il voulait donc
présenter son candidat avec pour tout programme la reconnaissance du vote
blanc. Voilà donc des listes ou des candidats qui reprochent aux autres les
manques dans leur programme et qui se proposent au vote sans aucun programme. Si le FN est proche du degré zéro de la
politique, on est ici au degré - 3. Peut-on imaginer un seul citoyen qui
voterait pour une liste qui n'a ni idée, ni programme, ni souhait, qui se
présente aux élections pour affirmer qu'il est insatisfait et est prêt à siéger
pour dire qu'il ne pense rien? Quand la démocratie représentative verse dans un
tel non-sens, une telle escroquerie, il y a de quoi s'inquiéter.
Pourtant, sans doute, une partie
de ces candidats, candidement, croient en défendant le vote blanc œuvrer en
faveur du bon sens. Comme si celui-ci
existait et constituait une vérité indiscutable. Le bon sens de l’un est le
mauvais de l’autre…
Reste la question délicate de la
validité d’élections auxquelles moins de la moitié des électeurs auraient
participé. La plupart des consultations populaires et des référendums, pour que
leurs résultats soient pris en compte, doivent réunir un certain pourcentage de
participation. Devrait-il en être de même pour les élections ? Quand deux
ou trois listes seulement se proposent aux suffrages des électeurs, on peut
comprendre que certains d’entre eux n’y trouvent pas le programme qu’ils
souhaitent. Mais alors n’est-ce pas à eux précisément de présenter une
alternative ? S’il n’y a pas suffisamment de partis et de listes en
présence, c’est alors aux électeurs insatisfaits de prendre leurs
responsabilités. Sinon à qui d’autre ? Ainsi va la démocratie représentative.
(1)
(Re)lire sur ce blog "Chèque en blanc", 5.5.2014.
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